C’est l’argument n°1 pour renoncer à écrire : je n’ai pas d’inspiration. Pourtant, il y a beaucoup de moyens de stimuler son esprit.
L’une de ces stratégies est de lire, et lire. J’entends « pas le temps ! », ou « je suis tellement crevé.e en ce moment, je lis trois lignes et je m’endors. » Ce ne sont pas forcément de mauvaises excuses. Tournez-vous vers la poésie.
Et pas de la poésie canonique s’il vous plaît, toute virtuose qu’elle peut être. Allez voir plutôt du côté des poètes chercheurs et dans la poésie contemporaine.
- Un poème est une forme courte, et les recueils sont souvent ramassés. Même fatigué.es, vous en lirez quelques-uns.
- La poésie n’est plus un ensemble d’exercices codés avec rimes, strophes, et métrique régulières. C’est un champ d’expérimentations incroyable où le poète se donne tous les droits. En découvrant la poésie contemporaine, vous vous direz sûrement : « Vraiment ? On a le droit d’écrire comme ça ? »
- Un poème, pour peu qu’on accepte de ne pas tout comprendre immédiatement, est une mine à rêveries. On le laisse infuser tranquillement, et l’horizon s’agrandit sans efforts.
Un exemple que je vous conseille : Kim Hyesoon, poétesse coréenne couronnée par de nombreux prix dans son pays, dont la poésie est à la fois grammaticalement simple, et certainement énigmatique au premier abord. Au premier abord seulement. On s’y glisse facilement.
« Le crayon écrit des poèmes à l’ombre
La bougie écrit des poèmes à la lumière »
Dentifricetristesse crèmemiroir, Kim Hyesoon.
Quand j’ouvre les yeux le matin
Mon lit est plein d’épines
Quand j’écoute de la musique
Des épines se déversent de l’enceinte
Des épines qui s’entassent sous mes pieds
Quand je marche
Voyez-vous je me suis peut-être changée en horloge
Les aiguilles des secondes
Sortent de mon corps.
idem.
Se changer en horloge, ce n’est pas plus invraisemblable que de se transformer en cloporte comme chez l’ami Franz Kafka.
Bonne découverte.